La Paquelais

La Paquelais

La Pâquelais : son passé religieux et l’église de la Trinité.

A la fin du XIème siècle, sous le règne d’Alain Fergent, duc de Bretagne (1084-1112), l’existence d’une communauté chrétienne à La Pâquelais est attestée par un acte de donation de ‘’La Boissière’’, par Benoît, évêque de Nantes (1079-1115) au Chapitre Saint Pierre, de l’église cathédrale de Nantes, pour le rachat des âmes des Seigneurs.

– En 1402, les archives épiscopales établissent l’existence formelle d’une paroisse mêlant les secteurs de La Pâquelais et de Vigneux.

– Au cours du XIIIème siècle, deux duchesses de Bretagne ont été accueillies successivement sur son territoire : La Bienheureuse Françoise d’Amboise dont une croix, dite de la ‘’Bonne Duchesse,’’ fut élevée, à l’entrée du bourg en 1868, en souvenir de son passage. Cet évènement est, sans doute, à mettre en relation avec le nouvel intérêt, dans le diocèse, pour Françoise d’Amboise puisque le Pape Pie IX, en 1863, proclame une confirmation de sa béatification. [Voir note ci-après]

Françoise d’Amboise, née le 28 mai 1427, au château de Thouars était la fille de Louis d’Amboise, prince de Talmont, vicomte de Thouars et de Louise-Marie de Rieux. Elle épouse à 15 ans, en 1442, Pierre II qui devint duc de Bretagne en 1450. Duchesse, elle prend une part active mais discrète au gouvernement de la Bretagne, où elle gagne les cœurs par son entrain et sa gaîté. On loue son sens aigu de la justice et sa proximité envers les petits, les pauvres, les malades et les opprimés. Ceci lui vaut le titre populaire de ‘’La Bonne Duchesse’’. A la mort de Pierre II, en 1457, elle rentre en conflit avec son cousin le roi Louis XI, qui veut la remarier, mais elle fonde en 1463, le premier monastère français de carmélites à Vannes. A 40 ans, elle reçoit l’habit du Carmel, le 25 mars 1468. Elle fonde un second monastère de carmélites aux Couëts, près de Nantes, où elle meurt le 4 novembre 1485, victime de sa charité auprès d’une de ses sœurs, atteinte de la peste, Elle est béatifiée, à Rome, quelques années après, par le Pape Innocent VIII.

– A partir de 1860, l’unité Italienne est en marche. Les états du Pape (avec Rome) sont appelés à disparaître, pris en tenaille au nord par le royaume du Piémont et au sud par Garibaldi et ses mille ‘’chemises rouges.’’ Un grand nombre de catholiques dont beaucoup du département de Loire-Inférieure, vont se lever spontanément, sous les ordres du général de Lamoricière, pour défendre le territoire du Pape : Ce sont les zouaves pontificaux.
– – Le général de Lamoricière était né à Nantes en1806 dont la famille était originaire de St Philibert de Grandlieu, et son successeur jusqu’en 1871, fut Athanase Charrette de la Contrie né également à Nantes en 1832.
– Entre 1860 et 1871, sur la commune de Vigneux –La Pâquelais, quelques uns ont revêtu l’uniforme de zouaves pontificaux ; Sans avoir retrouvé une liste exhaustive de ces volontaires, on peut citer : Jean DIBON, né le 18 mai 1846 ou François FOURAGE, né le 20 janvier 1844. Pie IX, pour honorer et remercier tous ces volontaires zouaves pontificaux du diocèse de Nantes et de Bretagne, a reconfirmé en 1863, la béatification de Françoise d’Amboise, Duchesse de Bretagne. Cela provoque une certaine ferveur dans le diocèse à l’égard de la Bienheureuse, que le curé de la Pâquelais ne manque pas de mettre à profit pour élever avec le calvaire de la ‘’Bonne Duchesse’’ les âmes de ses fidèles. (À moins que ce ne fût par rivalité avec la paroisse de Vigneux.)
– Aujourd’hui encore, dans la cathédrale de Nantes, le souvenir de cette époque est bien présent. : Coté nord, une chapelle latérale est consacrée à la Bienheureuse Françoise d’Amboise. Elle apparaît en carmélite avec son blason de duchesse de Bretagne. Et dans le transept nord, le cénotaphe du général de Lamoricière, décédé en 1865, offert en partie par le Pape Pie IX, pour les marbres d’une extrême blancheur Ne manquons pas de mentionner aussi, le lycée privé Françoise d’Amboise, dit ’’Chavagne’’ bien connu des Nantais, rue Mondésir, qui trouve son origine à cette période.

– La Duchesse Anne de Bretagne, vient se réfugier et demeure quelques jours à La Paquelays, parce que le maréchal de Rieux, son tuteur, s’opposait à son entrée à Nantes et veut la marier de force au Seigneur d’Albret. L’histoire rapporte qu’elle y vint un dimanche en se rendant à Nantes, afin d’y entendre la messe. Ceci prouve que dès cette époque, il existait déjà une chapelle à la Paquelays. Il est dit aussi, qu’elle traverse le pont au duc sur le Gesvre (édifié en 1330) après avoir fait ferrer ses chevaux à l’envers pour tromper ses poursuivants.

Cela se passait en 1489 : La petite Anne avait 12 ans. Elle était couronnée duchesse, le 10 février 1489, en la cathédrale de Rennes, par l’évêque du lieu, Mgr Michel Guibé, avant d’épouser finalement le roi de France Charles VIII

A cette période, le territoire de La Pâquelais-Vigneux se partageait en six frairies : La frairie du bourg : Saint Martin La frairie de la Boucarderie : Saint Joseph La frairie de la Biliais-Deniaud : Saint Michel La frairie de la Roche : Saint Pierre La frairie du Buron : Saint Charles La frairie de la Jambinière : Saint Jean

– Une frairie était le regroupement des habitants d’un même lieu, unis par des sentiments de fraternité, d’entraide, de convivialité et de bon voisinage, souvent animée par un esprit chauvin de clan et donc parfois en rivalité avec les villageois plus éloignés. La frairie possédait sa chapelle et son saint protecteur et constituait une subdivision de la paroisse rattachée à un centre plus important qui était le village ou le bourg. Les habitants se réunissaient pour des assemblées religieuses ou profanes : Le ‘’pardon’’ ou l’on honorait son saint patron, les mariages, les rogations mais aussi les festivités après les moissons, les vendanges, bals, banquets, réunions joyeuses avec bonnes chères, réjouissances et divertissements.

A partir de la seconde moitié du XVIème siècle les guerres de religion vont diviser la communauté chrétienne pendant près d’un siècle. L’influence de la famille de Rohan, à l’époque fervente adeptes du calvinisme, propriétaire, entre autre, de la châtellenie du Buron, conjuguée à l’esprit de clan des frairies de la ‘’Paquelaye’’ devenues protestantes, s’opposèrent parfois gravement, à l’ensemble de la population catholique de Vigneux. (Et inversement.)

En 1587, Missire Jan Le Grand devient recteur de Vigneux. Il remplace Missire Maurice Gérard qui est envoyé à St Etienne comme curé. En 1595, il fait agrandir son église pour accueillir les catholiques des environs de la Paquelaye, dépossédés de leur chapelle. En effet, pendant cette période troublée, sous la conduite du duc de Rohan, les huguenots se sont emparés de l’église de la Paquelaye et font subir aux catholiques moult brimades. Missire Jan Le Grand s’emploie à essayer de pacifier et de rassembler l’ensemble de ses ouailles, sur le territoire de La Pâquelais-Vigneux. Il meurt en 1599.

La révocation de l’édit de Nantes en 1685 estompera progressivement le conflit religieux, mais il en résultera que l’église primitive dédiée à la Sainte Trinité, ainsi que la structure paroissiale n’existent plus. Une petite chapelle sera construite à l’emplacement de la première église et la responsabilité des âmes reviendra au curé du bourg.

De tout ce passé, certaines rivalités ont pu naître et persistent, parfois encore jusqu’à nos jours, entre les vignolais et les natifs de la Pâquelais. Avant le XVIIIème siècle on l’orthographiait : ‘’La Paquelaye ’’ou ‘’Paquelays.’’ D’ailleurs certains prétendent que ce toponyme proviendrait de ‘’Pâques-Lez’’ (Pâques-à coté) qui signifierait que,’’protestants’’, les habitants ‘’ne faisaient pas leurs pâques.’’ Cette interprétation semble erronée car l’existence de la Paquelays est bien prouvée par le passage d’Anne de Bretagne en 1489, alors que l’élaboration de la doctrine protestante est postérieure à 1517. Le toponyme pourrait découler du latin :’’Pactum’’ qui définit un pacte féodal pour la création d’une paroisse sur la seigneurie du Buron.

Ainsi au XIXème siècle, dans ce même esprit de rivalité, contre l’avis même du curé, du conseil de fabrique et du conseil municipal de Vigneux, les habitants de la Pâquelais, sous la conduite de Théophile Ceineray, (notaire et propriétaire du domaine du Bois Rignoux) conçurent le dessein de bâtir, chez eux, une église paroissiale, alors même qu’un projet d’agrandissement de l’église du bourg était en gestation depuis 1813. Cette église, en granit et recouverte en ardoises, fut érigée en 1850.

– L’année suivante, l’autorité diocésaine ouvrait une nouvelle paroisse, dédiée à la Sainte Trinité, avec son clergé spécifique, entraînant à elle un tiers des fidèles de la commune. (Ce fut seulement en 1860 que débuta les travaux d’édification de la nouvelle église du bourg : Saint Martin de Vigneux.) En 1864, Le clocher est béni après l’installation d’une première cloche de 490 kilos, appelée Marie, Lucie, dont les marraines étaient les demoiselles Ceineray, suivie d’une seconde peu de temps après.

– En 1936 des travaux importants d’aménagement et d’entretien avaient pu être réalisés grâce à un don généreux (legs Chatelier) Mais le clocher fut entièrement détruit le 11 mai 1937, à 2 heures 30 du matin, par un incendie déclenché par la foudre. En quatre mois il fut reconstruit : La flèche était terminée pour Noël 1937. Cependant Marie, Lucie était fêlée. Elle fut remplacée après une souscription qui dépassa largement son prix et permit, en plus, l’achat de dix nouveaux bancs pour l’église. La nouvelle cloche s’appelle : Jeanne, Pierrette, Marcelle, Rose, Fanny et fut bénite le 27 avril 1939.

– Avant l’arrivée de l’électricité, les cloches étaient actionnées, bien sûr, à la main ; de même qu’il fallait remonter manuellement le mécanisme de l’horloge du clocher, tous les deux jours. Une indemnité forfaitaire de 150 francs par an était prévue pour le préposé jusqu’en 1946. Après, celle-ci fut portée directement à 400 francs.

Après la dernière guerre,

le souvenir de certains, nous parle du passage de quelques prêtres : l’abbé Yves Bonnet qui avait été vicaire-instituteur, l’abbé Corbineau. L’abbé Lebatard a été curé de La Pâquelais jusqu’en 1965 et son successeur fut l’abbé Pierre Albert de1965 à 1980 qui au début des années 1970, après le concile Vatican II et la rénovation du rite de la messe, dut délaisser le maître- autel au profit d’un autel en bois, placé au centre du chœur, afin de célébrer l’eucharistie face aux fidèles.(JPG)

En 1980, étant donné la diminution du nombre des prêtres, la paroisse de la Pâquelais fut jumelée avec celle de Vigneux sous la responsabilité du Père Joseph Mercier, jusqu’en 1985. Son successeur, le Père Marcel Favry sera là jusqu’en 1994 et il embellira le chœur avec une moquette mise en place par des bénévoles et par un nouvel autel en pierre de Sireuil et le baptistère ancien trouvera place devant l’autel latéral de Saint-Joseph. De 1994 à 1999 le Père Victor Brosseau devint le curé de La Pâquelais-Vigneux avec en plus la responsabilité de la paroisse du Temple de Bretagne. Il entreprit de refaire des peintures dans l’église et de remeubler la sacristie de gauche. Ensuite le Père Paul Guillet, toujours curé de ces trois paroisses (1999 à 2002) remet les murs en pierres apparentes devant la dégradation des enduits. A partir de 2002, la paroisse de La Pâquelais va se fondre dans une paroisse beaucoup plus grande avec cinq clochers (Saint Etienne et Cordemais s’y ajoutent) sous le vocable de Saint Luc de Bretagne. Les curés en seront successivement les Pères : Edmond Billard, Denis Bureau, Frédéric Rousteau, Jacques André, à partir de 2007. Au cours de ces dernières années, d’autres aménagements ou restaurations de l’intérieure de l’église ont été effectués notamment l’installation du chauffage, réfection d’électricité.

L’église est constituée d’une nef simple sans transept. (JPG)Le chœur est surélevé avec au fond le maître-autel que dominent deux vitraux, l’un de Saint Pierre avec ses attributs : clé, saintes-écritures et la palme du martyre, l’autre Saint Isidore, patron des paysans avec sa faucille et sa gerbe de blés que l’on implore pour de bonnes récoltes. Le demi-cercle de l’abside est recouvert de boiseries foncées qui contrastent avec la blancheur du chœur. Devant les sacristies latérales, les autels secondaires dédiés à la Vierge Marie du coté gauche et à Saint Joseph de l’autre. Au centre du chœur, l’autel principal, simple et moderne, sert actuellement à la célébration des eucharisties. Sur le coté droit, le baptistère de marbre noir, recouvert d’un capot de cuivre lumineux est le symbole du lieu où on laisse le péché pour s’élever vers la lumière du Ressuscité.

– Les murs de la nef en pierres apparentes, encadrent des verrières aux dessins géométriques qui apportent une bonne luminosité à l’église. La chaire en bois rouge, bien ouvragée, sans abat-voix, n’est plus utilisée, grâce à la sonorisation.

Elle supporte la reproduction de l’icône de la Sainte Trinité (Roublev) que l’on honore plus spécialement dans cette église.
– [Pour découvrir la signification spirituelle de cette icône, transmise par nos frères orthodoxes, se reporter entre autres, aux liens informatiques suivants : http://www.pagesorthodoxes.net/trinite/trinite2.htm

http://www.pagesorthodoxes.net/eikona/icone-de-roublev.htm]

– Sur le mur opposé, un grand crucifix domine la plaque-mémorial évoquant les 68 combattants de cette paroisse, tués pendant la guerre de 1914-1918.
– Le mur du fond est crépi. Il s’ouvre sur le porche du narthex et en haut sur une étroite tribune. Les statues, haut placées, de Notre-Dame de Lourdes et de Sainte Thérèse de l’enfant Jésus ne sont visibles qu’en sortant de l’église.